posté le 16-02-2017 à 09:39:19

La fin du monde.


Un globe de lueurs,

Presque noir maintenant,

Un univers de peurs,

Un monde finissant.

...

On était les derniers,

On se méfiait de tout,

On hantait les charniers,

Vomissant de dégoût.

...

Les rues étaient désertes,

On criait de famine,

Hurlant en pure perte,

Côtoyant la vermine.

...

La famille, illusion

Et l’amour, un mensonge,

L’espoir, une dérision,

La vie, un triste songe.

...

L’autre était le danger,

Il n’y avait plus d’enfants,

Tous étaient étrangers,

Des miasmes étouffants.

...

On mangeait les racines,

Buvant de l’eau croupie,

La bouche remplie d’épines

Et la langue en charpie.

...

C’était la fin du monde,

Seuls et abandonnés,

Sous un soleil qui gronde,

Un air empoisonné.

...

Un à un on tombait,

La terre, un grand malheur,

Mais personne ne voyait,

Du sol surgir une fleur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


Commentaires

 

1. gegedu28  le 16-02-2017 à 14:09:06  (site)

Rimes,
Encore un superbe poème.
Vous devriez en faire un recueil,
... j'achète !
A+
Gégé du 28

 
 
 
posté le 15-02-2017 à 10:24:02

Un amour impossible.

 

Il était déprimé.

Son amour impossible,

Le hantait jour et nuit.

Il la voyait si belle,

Avec ses joues bien roses

Et sa peau satinée.

Il regardait de loin,

Diaphane et si légère,

Sa passion interdite,

Mais elle le repoussait.

Il voulait être beau,

Pour elle, pour lui plaire ;

Elle avait peur de lui.

Et qu’aurait-il donné,

Pour une fois la serrer,

Dans ses bras vigoureux ?

Ou danser avec elle,

Un tango langoureux,

Serrés joue contre joue,

Jusqu’au petit matin,

Mais elle le repoussait.

Elle devait le trouver,

Bien laid, ce prétendant,

Surtout pas de son monde.

Résigné, il admit,

Qu’un cactus ne pouvait,

Aimer à en mourir,

Un ballon de baudruche.

 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. gegedu28  le 15-02-2017 à 11:51:21  (site)

Bonjour,
Quand j'ai vu la photo/dessin, je me suis tout d'abord dit quel est le lien ?,
Ah, j'ai fini par comprendre ...
... c'est bien amené : "Résigné, il admit,
Qu’un cactus ne pouvait,
Aimer à en mourir,
Un ballon de baudruche"
smiley_id117184, vous êtes un(e) vrai(e) poète !
Gégédu28

 
 
 
posté le 14-02-2017 à 12:54:14

Le miroir.

                                       

 

 Le miroir. 

 

 Le miroir agacé,

Déçu, faisait la moue.

Il renvoyait ainsi,

Une image déformée,

De sa belle adorée.

Elle se voyait si laide,

Joues tombantes, yeux défaits,

Un nez en champignon,

Un menton en galoche

Et un cou si fripé.

Lui en était ravi,

Du tour qu’il lui jouait.

Elle voulut être sûre,

Devant lui se mit nue.

Le miroir fut troublé,

Mais il continua,

Ce petit jeu méchant.

Elle lui montra ses seins

A l’arrondi parfait.

Mais lui ne réfléchit,

Que deux outres pendantes.

Elle exhiba son ventre,

Qu’il transforma bien vite,

En bouée disgracieuse.

Elle se tourna un peu,

Pour lui montrer ses fesses,

Qu’il déforma, moqueur,

En figues ramollies.

Le miroir se disait,

Que peut-être il fallait

Lui dire la vérité.

Mais il continua

A faire souffrir la belle

Et métamorphosa

Ses cuisses en jambonneaux.

Pour elle s’en était trop,

Elle se mit à pleurer.

Le miroir attendri,

Amoureux de sa belle,

Enfin se dérida

Et rendit à l’aimée,

Son image réelle.

Contente, elle lui donna,

Le baiser recherché.

 

 

 

 


Commentaires

 

1. gegedu28  le 14-02-2017 à 14:53:37  (site)

Bonjour,
J'adore l'histoire et l'image que renvoie ce miroir.
La belle doit être soulagée, et qui sait en ce jour de Saint Valentin, bonheur va peut-être trouver !
Bonne continuation.
Gégédu28

 
 
 
posté le 03-02-2017 à 10:39:56

La ronde des mois.

 

La ronde des  mois

Janvier prend la neige pour châle ;

Février fait glisser nos pas ;

Mars de ses doigts de soleil pâle,

Jette des grêlons aux lilas.

 

Avril s’accroche aux branches vertes ;

Mai travaille aux chapeaux fleuris ;

Juin fait pencher la rose ouverte

Près du beau foin qui craque et rit.

 

Juillet met leurs œufs dans leurs coques ;

Août sur les épis mûrs s’endort ;

Septembre aux grands soirs équivoques,

Glisse partout ses feuilles d’or.

 

Octobre a toutes les colères,

Novembre a toutes les chansons

Des ruisseaux débordant d’eau claire,

Et décembre a tous les frissons.

 

Rosemonde GÉRARD — (Les Pipeaux)

 

 

 

Rosemonde GÉRARD.

Nationalité : Française
Née à : Paris , 1866
Morte à : Paris , 1953
Biographie :

Louise-Rose-Etiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard. Femme de lettres française, poétesse, épouse d'Edmond Rostand, mère

du biologiste Jean Rostand et de l'écrivain Maurice Rostand
 Son parrain fut Lecomte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas fils.
Son premier recueil poétique "Les Pipeaux"(1889) la fit connaître. La même année, elle épousa Edmond Rostand.
Par la suite elle publia "L'Arc-en-ciel" (1926), "Les Papillotes" (1931), "Féeries" (1933), "Rien que des chansons" (1939).
En collaboration avec son fils Maurice, elle donna au théâtre "Un bon petit diable" (1912), ainsi que des pièces comme "La Robe d'un soir", "La Marchande d'allumettes" (1914) ou "La Tour Saint-Jacques" (1931).
Elle fit partie, en 1939, du jury Femina.
Elle est l'auteur des célèbres vers:
Car vois-tu chaque jour, je t'aime davantage
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

 

 

 

 

+ Voir plus

 

 

 


Commentaires

 

1. gegedu28  le 03-02-2017 à 12:06:16  (site)

Bonjour,
Merci de nous avoir choisi et proposé ce joli poème.
Perso, je n'avais encore jamais entendu parler de Rosemonde Gérard (... et j'ai Gérard comme prénom !!), comme quoi ... on en apprend tous les jours.
... et les talents cachés sont nombreux, tellement nombreux qu'on ne peut tous les aborder durant la période scolaire, et la mienne est déjà bien lointaine.
Bonne continuation pour votre Blog poétique,
Au plaisir de vous relire.
Gégédu28

 
 
 
posté le 31-01-2017 à 08:20:51

Aux coquettes.

 

Aux coquettes.

 

Derrière le miroir, ce démon aux aguets,

 Dans ce discret asile où l'élégance règne,

 Ces roses, ces bijoux, tout ici vous enseigne

 A ne pas trop vous plaire aux ornements coquets.

 

 Apprenez le danger des colliers, des bouquets.

 Démêlant vos cheveux, quand, au matin, le peigne

 Dans leurs longs flots dorés avec amour se baigne,

 Que, dans l'écrin ouvert, brillent vos affiquets* ;

 

 Que, vous applaudissant du bonheur d'être belles,

 Vous venez contempler, dans vos glaces fidèles,

 Les contours serpentins que votre corps décrit ;


 Que, comme un souple jonc, votre taille se cambre,

 Cherchez bien : vous verrez, dans un coin de la chambre,

 Quelque diable embusqué qui regarde et qui rit.

 

Amédée Pommier.

 

 


*affiquet :


Petit objet que l'on agrafait à un vêtement pour servir de parure, à un tricot pour l'empêcher de glisser et de se détacher de l'aiguille.

 

 

Homme de lettres, latiniste et poète français né le 20 juillet 1804 à Lyon en région Rhône-Alpes, Victor-Louis-Amédée Pommier est décédé le 15 avril 1877 à Paris.

 

 

 

 

 

 

 


 
 
posté le 22-01-2017 à 10:00:50

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !

 Louisa PÈNE-SIEFERT  

 

 

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !
Rentrez, je ne suis plus l'heureuse jeune fille
Que vous avez connue en de plus anciens jours.
Je ne suis plus coquette, ô mes pauvres atours !
Laissez-moi ma cornette et ma robe de chambre,
Laissez-moi les porter jusqu'au mois de décembre ;
Leur timide couleur n'offense point mes yeux :
C'est comme un deuil bien humble et bien silencieux,
Qui m'adoucit un peu les réalités dures.
Allez-vous-en au loin, allez-vous-en, parures !
Avec vous je sens trop qu'il ne reviendra plus,
Celui pour qui j'ai pris tant de soins superflus !

          Louisa PÈNE-SIEFERT  

 

Louisa PÈNE-SIEFERT   (1845-1877)

Issue d'une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une bonne éducation religieuse. Accablée dès l’adolescence par une maladie qui devait l’emporter précocement, elle a laissé une poésie empreinte de douleur mais soutenue d’un vif spiritualisme protestant.

Elle meurt à l'âge de trente-deux ans, à Pau où elle soignait une tuberculose osseuse (coxalgie) qui avait fini par atteindre ses poumons.

Souffrances, exaltations, déceptions secouent sa vie.  Pour fuir cette existence douloureuse elle se réfugie dans la poésie

Cœur déçu et blessé, Louise développe dans ses poèmes des sentiments très féminins en employant des expressions très masculines.  Ses vers sont précis, nets, réalistes. Un art du rythme caractérise ses chants. 

Cette jeune femme qui mourut au printemps de la vie, fut courageuse devant la fatalité.  Malgré ses révoltes contre la maladie, les affolements et les angoisses de son inévitable fin, elle eut, dans un ouvrage,  cette grandeur de rappeler au monde les vertus des Stoïques.  Volontairement soumise à son destin, elle s’appliqua cette maxime : « la fin suprême est de vivre selon la nature ».

Louisa Siefert est l'arrière-grand-tante du chanteur Renaud.

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IMMORTALITE

 

Le chêne dans sa chute écrase le roseau,

Le torrent dans sa course entraîne l’herbe folle ;

Le passé prend la vie, et le vent la parole,

La mort prend tout : l’espoir, et le nid, et l’oiseau,

 

L’astre s’éteint, la voix expire sur les lèvres,

Quelqu’un ou quelque chose à tout instant s’en va,

Ce qui brûlait le cœur, ce que l’âme rêva,

Tout s’efface : les pleurs, les sourires, les fièvres,

 

Et cependant l’amour triomphe de l’oubli ;

La matière, que rien ne détruit, se transforme ;

Le gland semé d’hier devient le chêne énorme,

Un monde nouveau sort d’un monde enseveli,

 

Comme l’arbre, renaît le passé feuille à feuille,

Comme l’oiseau, le cœur retrouve sa chanson ;

L’âme a son rêve encore, et le champ sa moisson,

Car ce que l’homme perd, c’est Dieu qui le recueille.

 

(Les Stoïques) 

 Quand je pense à ma vie, un grand ennui me prend
Et j’ai pitié de voir ma jeune destinée
S’effeuiller, solitaire, année après année,
Comme une fleur des eaux qu’emporte le courant.

Je ne m’en émeus plus, ni trop ne m’en étonne,
Car je sais quels débris roulent les plus purs flots,
Et dans un même accord quels déchirants sanglots
Ils mêlent si souvent à leur chant monotone.

C’est la loi de tout être et j’y cède à mon tour,
Honteuse seulement qu’à tant de fier courage
S’offrent, toujours pareils, l’écueil et le naufrage,
Et sans comprendre mieux qu’on survive à l’amour.

Quand le vent de sa tige a détaché la fleur,
Elle suit quelque temps le torrent qui la berce ;
Sa coupe de parfums au soleil se renverse
Et la fraîcheur de l’onde avive sa couleur.

Le voyageur lassé, l’oiseau dont l’aile plie,
Demandent : Où va-t-elle ? Et l’appellent du bord,
Tandis qu’elle descend tranquille et sans effort
Vers la rive où tout meurt, dans l’ombre où tout s’oublie.

 

 

 

 

 

 

 

 


 


Commentaires

 

1. anaflore  le 22-01-2017 à 10:11:40  (site)

un bel hommage je ne connaissais pas merci du partage bon dimanche

 
 
 
posté le 18-01-2017 à 08:27:57

Les blés.

 

 

Autre terre,

Inédite dans l'absurdité des inutiles.

Vieux cerceau de fer,

Comme une balançoire folle.

Prends venteux espoir,

Tous les efforts de ta jeunesse.

Ocre descendance,

Comme une funeste menace.

Les blés craquent,

S'épuisent,

Se rongent.

Dis raconte nature offerte,

Bordure mal aimée

Chevelure blonde,

Sur un enfer de sable.

La lutte et l’arrêt brusque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. gegedu28  le 03-02-2017 à 15:24:11  (site)

Re bonjour,
Encore un beau poème, ... de votre création je suppose.
Bien aussi la photo de cette jeune femme au milieu des blés, ... frêle comme l'épi !
Gégédu28

 
 
 
posté le 14-01-2017 à 13:12:48

Les saisons tristes.

 

 

 

Il y a des jours d'Avril,

Qui ressemblent à Décembre,

Depuis que tu as fui.

De ces jours qui éclatent,

Comme des marrons lancés,

Dans les feux de l'hiver.

Ces jours sont aussi froids,

Que les pics acérés,

Des neiges éternelles.

Les jolis papillons,

Egarés, ne volent plus

Et les arbres toujours nus,

Hésitent à se parer,

De feuilles du printemps.

Les parfums s'effilochent

Et les brumes ne savent plus,

Si elles doivent s'éclaircir.

Les petites coccinelles,

Ne veulent plus rougir

Et les glands des gros chênes,

Se retiennent de tomber.

Les rues sont des allées,

Recouvertes de feuilles,

Qui se croient en automne.

Les oiseaux sont muets,

Leurs beaux chants se sont tus.

Je regarde ma montre,

Aiguilles paralysées,

Figées sur l'heure maudite,

De ton brusque départ.

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. yvandesbois  le 14-01-2017 à 18:30:42  (site)

Bienvenue a + yvan

2. Echarpes-De-Brume  le 15-01-2017 à 12:17:35  (site)

Bienvenue sur vef Clin doeil1
a bientôt !

 
 
 
 

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