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Titre du blog : rimes
Auteur : rimes
Date de création : 14-01-2017
 
posté le 22-01-2017 à 10:00:50

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !

 Louisa PÈNE-SIEFERT  

 

 

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !
Rentrez, je ne suis plus l'heureuse jeune fille
Que vous avez connue en de plus anciens jours.
Je ne suis plus coquette, ô mes pauvres atours !
Laissez-moi ma cornette et ma robe de chambre,
Laissez-moi les porter jusqu'au mois de décembre ;
Leur timide couleur n'offense point mes yeux :
C'est comme un deuil bien humble et bien silencieux,
Qui m'adoucit un peu les réalités dures.
Allez-vous-en au loin, allez-vous-en, parures !
Avec vous je sens trop qu'il ne reviendra plus,
Celui pour qui j'ai pris tant de soins superflus !

          Louisa PÈNE-SIEFERT  

 

Louisa PÈNE-SIEFERT   (1845-1877)

Issue d'une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une bonne éducation religieuse. Accablée dès l’adolescence par une maladie qui devait l’emporter précocement, elle a laissé une poésie empreinte de douleur mais soutenue d’un vif spiritualisme protestant.

Elle meurt à l'âge de trente-deux ans, à Pau où elle soignait une tuberculose osseuse (coxalgie) qui avait fini par atteindre ses poumons.

Souffrances, exaltations, déceptions secouent sa vie.  Pour fuir cette existence douloureuse elle se réfugie dans la poésie

Cœur déçu et blessé, Louise développe dans ses poèmes des sentiments très féminins en employant des expressions très masculines.  Ses vers sont précis, nets, réalistes. Un art du rythme caractérise ses chants. 

Cette jeune femme qui mourut au printemps de la vie, fut courageuse devant la fatalité.  Malgré ses révoltes contre la maladie, les affolements et les angoisses de son inévitable fin, elle eut, dans un ouvrage,  cette grandeur de rappeler au monde les vertus des Stoïques.  Volontairement soumise à son destin, elle s’appliqua cette maxime : « la fin suprême est de vivre selon la nature ».

Louisa Siefert est l'arrière-grand-tante du chanteur Renaud.

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IMMORTALITE

 

Le chêne dans sa chute écrase le roseau,

Le torrent dans sa course entraîne l’herbe folle ;

Le passé prend la vie, et le vent la parole,

La mort prend tout : l’espoir, et le nid, et l’oiseau,

 

L’astre s’éteint, la voix expire sur les lèvres,

Quelqu’un ou quelque chose à tout instant s’en va,

Ce qui brûlait le cœur, ce que l’âme rêva,

Tout s’efface : les pleurs, les sourires, les fièvres,

 

Et cependant l’amour triomphe de l’oubli ;

La matière, que rien ne détruit, se transforme ;

Le gland semé d’hier devient le chêne énorme,

Un monde nouveau sort d’un monde enseveli,

 

Comme l’arbre, renaît le passé feuille à feuille,

Comme l’oiseau, le cœur retrouve sa chanson ;

L’âme a son rêve encore, et le champ sa moisson,

Car ce que l’homme perd, c’est Dieu qui le recueille.

 

(Les Stoïques) 

 Quand je pense à ma vie, un grand ennui me prend
Et j’ai pitié de voir ma jeune destinée
S’effeuiller, solitaire, année après année,
Comme une fleur des eaux qu’emporte le courant.

Je ne m’en émeus plus, ni trop ne m’en étonne,
Car je sais quels débris roulent les plus purs flots,
Et dans un même accord quels déchirants sanglots
Ils mêlent si souvent à leur chant monotone.

C’est la loi de tout être et j’y cède à mon tour,
Honteuse seulement qu’à tant de fier courage
S’offrent, toujours pareils, l’écueil et le naufrage,
Et sans comprendre mieux qu’on survive à l’amour.

Quand le vent de sa tige a détaché la fleur,
Elle suit quelque temps le torrent qui la berce ;
Sa coupe de parfums au soleil se renverse
Et la fraîcheur de l’onde avive sa couleur.

Le voyageur lassé, l’oiseau dont l’aile plie,
Demandent : Où va-t-elle ? Et l’appellent du bord,
Tandis qu’elle descend tranquille et sans effort
Vers la rive où tout meurt, dans l’ombre où tout s’oublie.

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Commentaires

anaflore le 22-01-2017 à 10:11:40
un bel hommage je ne connaissais pas merci du partage bon dimanche