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Titre du blog : rimes
Auteur : rimes
Date de création : 14-01-2017
 
posté le 15-03-2017 à 08:40:11

Le luth.

 

  Madeleine de l'Aubespine.

 

Le luth.

 

Pour le plus doux ébat que je puisse choisir,

Souvent, après dîner, craignant qu'il ne m'ennuie,

Je prends le manche en main, je le tâte et manie,

Tant qu'il soit en état de me donner plaisir.

 

Sur mon lit je me jette, et, sans m'en dessaisir,

Je l'étreins de mes bras et sur moi je l'appuie,

Et, remuant bien fort, d'aise toute ravie,

Entre mille douceurs j'accomplis mon désir.

 

S'il advient, par malheur, quelquefois qu'il se lâche,

De la main je le dresse, et, derechef, je tâche

A jouir du plaisir d'un si doux mouvement:

 

Ainsi, mon bien-aimé, tant que le nerf lui tire,

Me contemple et me plaît que de lui, doucement,

Lasse et non assouvie, enfin je me retire.

 

Madeleine de l'Aubespine

 

 

 Madeleine de l'Aubespine (1546-1596)

 

 Cette poétesse française naquit et décéda à Villeroy. Epouse de Nicolas de Neufville, Seigneur de Villeroy, qui fut Secrétaire d’Etat sous les règnes de Charles IX et d’Henri III, elle devint dame d’honneur de Catherine de Médicis.

 Mondaine, spirituelle et savante, (ainsi que sa traduction des Héroïdes d’Ovide l’atteste) elle tint un des salons les plus célèbres de son temps. Son hôtel, proche du Louvre, vit défiler les poètes les plus renommés ; Rémy Belleau lui dédia une de ses « pierres précieuses », Ronsard la considérait comme sa fille spirituelle et Philippe Desportes dont elle fut l’amie la célébra sous le nom de Callianthe et de Cléonice.

Les poèmes de Madeleine de l’Aubespine sont restés manuscrits de son temps et ne furent publiés pour la première fois qu'en 1926