VEF Blog

Titre du blog : rimes
Auteur : rimes
Date de création : 14-01-2017
 
posté le 04-05-2017 à 11:17:31

Pourquoi ?

 

                      Pourquoi?

 

Pour la première fois, quittant votre air morose, 
Vous m'avez, hier soir, donné le bras. Tandis 
Que j'allais près de vous ainsi, comme jadis, 
J'ai senti contre moi palpiter quelque chose.

 

Mon visage soudain est devenu tout rose ; 
Vous m'avez demandé ce que j'avais, je dis 
N'importe quoi… : Mon Dieu ! c'était mon paradis, 
Dont la porte s'ouvrait quand je la croyais close.

 

J'écoutais, j'écoutais (hélas ! le saviez-vous ?) 
Votre cœur, sous ma main, qui battait à grands coups, 
Et je vous regardais, disant : Il ressuscite !

 

Mais l'effroi s'abattit alors sur moi, plus vite 
Qu'une pierre qui tombe en un lac… Oh ! pourquoi 
Ton cœur bat-il si fort s'il ne bat pas pour moi ?

 

                                                                  Louisa Siefert

 

 

 

 

 

Louisa PÈNE-SIEFERT   (1845-1877)

Issue d'une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une bonne éducation religieuse. Accablée dès l’adolescence par une maladie qui devait l’emporter précocement, elle a laissé une poésie empreinte de douleur mais soutenue d’un vif spiritualisme protestant.

Elle meurt à l'âge de trente-deux ans, à Pau où elle soignait une tuberculose osseuse (coxalgie) qui avait fini par atteindre ses poumons.

Souffrances, exaltations, déceptions secouent sa vie.  Pour fuir cette existence douloureuse elle se réfugie dans la poésie

Cœur déçu et blessé, Louise développe dans ses poèmes des sentiments très féminins en employant des expressions très masculines.  Ses vers sont précis, nets, réalistes. Un art du rythme caractérise ses chants. 

Cette jeune femme qui mourut au printemps de la vie, fut courageuse devant la fatalité.  Malgré ses révoltes contre la maladie, les affolements et les angoisses de son inévitable fin, elle eut, dans un ouvrage,  cette grandeur de rappeler au monde les vertus des Stoïques.  Volontairement soumise à son destin, elle s’appliqua cette maxime : « la fin suprême est de vivre selon la nature ».

Louisa Siefert est l'arrière-grand-tante du chanteur Renaud.