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Titre du blog : rimes
Auteur : rimes
Date de création : 14-01-2017
 
posté le 19-05-2017 à 10:08:30

Mobilier scolaire.

 

Mobilier scolaire.

 

L'école était charmante au temps des hannetons,

Quand, par la vitre ouverte aux brises printanières,

Pénétraient, nous parlant d'écoles buissonnières

Et mettant la folie en nos jeunes cerveaux,

Des cris d'oiseaux dans les senteurs des foins nouveaux ;

Alors, pour laid qu'il fût, certes ! il savait nous plaire

Notre cher mobilier si pauvrement scolaire.

A grands coups de canif, travaillant au travers

Du vieux bois poussiéreux et tout rongé des vers,

Nous creusions en tous sens des cavernes suspectes,

Où logeaient, surveillés par nous, des tas d'insectes :

Le noir rhinocéros, qui porte des fardeaux,

Le taupin, clown doué d'un ressort dans le dos,

Le lucane sournois, mais aimable du reste,

Le charançon, vêtu d'or vert, et le bupreste...

J'oubliais l'hydrophile avec le gribouri*.

 

                                                              Paul ARÈNE   (1843-1896)

 

* L'eumolpe (Bromius obscurus) est un insecte coléoptère encore appelé Gribouri ou Écrivain, qui s'attaque à la vigne.

 

 

Paul Arène est né le 26 juin 1843 à Sisteron et mort le 17 décembre 1896 à Antibes. Après une licence en philosophie, il s’installe à Paris, tenté par une carrière littéraire. Il y rencontre François Coppée, Catulle Mendès, et surtout Alphonse Daudet. Avec ce dernier, il écrit de nombreuses chroniques provençales qui seront plus tard rassemblées sous le titre Les Lettres de mon moulin.

 Il retourne fréquemment à Sisteron, auquel il demeure très attaché ; c’est là qu’il écrit en 1868 son chef d’œuvre Jean-des-Figues – il a alors 25 ans. Après son engagement dans la guerre de 1870 (pour lequel il sera décoré de la Légion d’Honneur), il publie des pièces de théâtre, ainsi que des contes et des nouvelles (Paris ingénu, Les Ogresses, La Gueuse parfumée…) publiées en journaux ou en recueils.

En 1889, Paul Arène, malade, s’installe à Antibes, où il écrira La Chèvre d’Or (1889) et Domnine (1894), peinture de la société sisteronnaise. Amoureux éconduit dans sa jeunesse, Paul Arène n’aura ni femme ni enfant. Il est inhumé au cimetière de Sisteron, où l’on peut lire, sur sa pierre tombale, jeu m'en vau l'amo ravido d'agué pantaïa ma vido (je m’en vais l’âme ravie d’avoir rêvé ma vie).