VEF Blog

Titre du blog : rimes
Auteur : rimes
Date de création : 14-01-2017
 
posté le 01-10-2017 à 08:32:05

Ah ! Laissez-moi crier.

 

 

En hommage à Sabine Sicaud, une poétesse morte à 15 ans.


 

Ah ! Laissez-moi crier.

 

« Ah! Laissez-moi crier, crier, crier …

Crier à m’arracher la gorge !

 Crier comme une bête qu’on égorge,

 Comme le fer martyrisé dans une forge

 Comme l’arbre mordu par les dents de la scie,

 Comme un carreau sous le ciseau du vitrier…

Grincer, hurler, râler. Peu me soucie

 Que les gens s’en effarent. J’ai besoin

 De crier jusqu’au bout de ce qu’on peut crier.

 

 Les gens? Vous ne savez donc pas comme ils sont loin

 Comme ils existent peu, lorsque vous supplicie

 Cette douleur qui vous fait seul au monde?

 Avec elle on est seul, seul dans sa geôle

 Répondre? Non. Je n’attends pas qu’on me réponde.

 Je ne sais même pas si j’appelle au secours

 Si même j’ai crié, crié comme une folle

 Comme un damné toute la nuit et tout le jour

 Cette chose inouïe, atroce, qui vous tue

 Croyez-vous qu’elle soit

 Une chose possible à quoi l’on s’habitue

 Cette douleur, mon Dieu, cette douleur qui tue

 Avec quel art cruel de supplice chinois

 Elle montait, montait à petits pas sournois

 Et nul ne la voyait monter, pas même toi

 Confiante santé, ma santé méconnue

 C’est vers toi que je crie, ah c’est vers toi, vers toi!

 Pourquoi, si tu m’entends n’être pas revenue?

 Pourquoi me laisser tant souffrir, dis-moi pourquoi

 Ou si c’est ta revanche et parce qu’autrefois

 Jamais, simple santé, je ne pensais à toi? »

 

                                                            Sabine Sicaud.

 

 

 

 

Sabine Sicaud, née le 23 février 1913 à Villeneuve-sur-Lot et morte le 12 juillet 1928 (à 15 ans) dans la même commune, est une poétesse française.

Dès l'âge de 6 ans Sabine griffonne des poèmes et parle aux arbres, aux plantes aux animaux qui l'entourent et dont elle paraît connaître l'âme.

Ses Poèmes d'enfant, préfacés par Anna de Noailles, ont été publiés lorsqu'elle avait treize ans. Après les chants émerveillés de l'enfance et de l'éveil au monde, est venue la souffrance, insupportable. Atteinte d'ostéomyélite, appelée aussi la gangrène des os, elle écrit Aux médecins qui viennent me voir :

Faites-moi donc mourir, comme on est foudroyé

D'un seul coup de couteau, d'un coup de poing

Ou d'un de ces poisons de fakir, vert et or... »


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Florentin le 01-10-2017 à 14:35:13
Comme on aurait aimé qu'elle ne l'écrive pas ce poème ! Comment une gamine de 15 ans peut-elle souffrir ainsi ? Je souscris à l'ironie de Dmw qui clame la bonté de Dieu ...Florenrin
DmW le 01-10-2017 à 13:04:09
Dommage, si elle avait terminé sa carrière ce serait extradordinaire mais tout ce que Dieu a fait est bon.