L'idole (3) : La nuque.
Comme un dernier remous sur une blanche plage Que les flots refoulés ne peuvent pas saisir, Sur la nuque que mord le souffle du désir, Un frisson de cheveux trace son clair sillage.
Frisson d'écume d'or, si vivante que l'âge Se connaît à la voir, et qui semble choisir Les cols dont la beauté modelée à loisir A les perfections antiques d'un moulage.
En extase penché, j'aurai pour horizon L'oreille à qui l'amour porte mon oraison, L'oreille, bijou fait en rose de coquille ;
Et ma bouche osera baiser l'éclat vermeil Des minces cheveux fous brodés par le soleil, Dont la confusion étincelante brille.
Albert Mérat (1840 – 1909).
Albert Mérat est un poète parnassien. Dans son œuvre l'Idole, il revisite le blason littéraire en dédiant aux femmes un sonnet pour chaque partie du corps. Le plus croustillant arrive ; rien n'est écrit sur les fesses et le sexe féminins, thèmes éminemment poétiques toutefois. Verlaine et Rimbaud, s'arment contre la censure et écrivent « Le sonnet du trou du cul », faisant scandale ! Verlaine rend hommage à Mérat dont il s'était un peu moqué dans l'un de ses poèmes et Rimbaud le considère comme un « voyant » visionnaire presque, aussi talentueux que Verlaine.
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Commentaires
Bonjour,
Merci pour ce poème d'Albert Mérat, et pour les découvertes que vous nous offrez.
Gégédu28