L'idole (5) : Le front.
Ainsi
que la lueur d'une lampe d'opale
Veillant
dans une alcôve ou devant un autel,
Ainsi,
rayon d'amour ou soupir immortel,
Le
feu de la pensée éclaire le front pâle.
Ta
lucide beauté ne connaît point le hâle,
Ni
les molles langueurs des roses de pastel :
Et
l'impeccable orgueil de tes lignes est tel
Qu'il
saurait démentir les tortures du râle.
A
la fois transparence et reflet précieux,
Tu
sembles répéter la lumière des yeux
Dans
ta blancheur d'hostie et ta rigueur de pierre.
Ton
étroitesse est comme un abri délicat
(Car
l'âme ne luit pas toute sous la paupière)
Qui
concentre et dérobe à peine son éclat.
Albert
Mérat (1840 – 1909).
Albert
Mérat est un poète parnassien. Dans son œuvre l'Idole, il revisite le blason
littéraire en dédiant aux femmes un sonnet pour chaque partie du corps. Le
plus croustillant arrive ; rien n'est écrit sur les fesses et le sexe
féminins, thèmes éminemment poétiques toutefois. Verlaine et Rimbaud,
s'arment contre la censure et écrivent « Le sonnet du trou du cul », faisant
scandale ! Verlaine rend hommage à Mérat dont il s'était un peu moqué dans
l'un de ses poèmes et Rimbaud le considère comme un « voyant » visionnaire
presque, aussi talentueux que Verlaine.
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Commentaires
Bravo pour la photo du jour