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Titre du blog : rimes
Auteur : rimes
Date de création : 14-01-2017
 
posté le 08-06-2019 à 19:49:16

Adieux.

 

Auguste Rodin : la vieille courtisane.

 

 

Adieux.

 

Lorsque grâce au printemps vous ne serez plus belle,

 Vieillotte grasse ou maigre avec des yeux méchants,

 Mère gigogne grave en qui rien ne rappelle

 La fille aux traits d'infante immortelle en mes chants,


 Il reviendra parfois dans votre âme quiète

 Un souvenir de moi différent d'aujourd'hui

 Car le temps glorieux donne aux plus laids poètes

 La beauté qu'ils cherchaient cependant que par lui.


 Les femmes voient s'éteindre en leurs regards la flamme ;

 Sur leur tempe il étend sa douce patte d'oie.

 Les fards cachent les ans que n'avouent pas les femmes

 Mais leur ventre honteux les fait montrer du doigt.


 Et vous aurez alors des pensées ridicules.

– C'est en dix-neuf cent un qu'un poète m'aima.

 Seule je me souviens, moi, vieille qui spécule,

 De sa laideur au taciturne qui m'aima.


Guillaume Apollinaire, « Adieux » (extrait), publication posthume, 1925.

 

 

 

Guillaume Apollinaire.

 Né à Rome (Italie) le 25/08/1880 ; Mort à Paris (France) le 09/11/1918.

Guillaume Apollinaire, grand poète du XXe siècle, participe aux révolutions littéraires et esthétiques de son époque. Défenseur de l'art moderne et conteur, il est l'inventeur du mot "surréalisme" et ouvre une nouvelle voie poétique.

Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky naît à Rome en 1880. Il est le fils d'une Polonaise et d'un père inconnu (un officier italien, selon l'hypothèse la plus probable).

En 1902 il publie dans "La Revue blanche" son premier conte, "L'Hérésiarque", en signant "Guillaume Apollinaire".

 Le poète pénètre dans les milieux artistiques et devient ami avec Pablo Picasso. Il suit de très près l'évolution du mouvement cubiste et publie en 1913 "Peintres cubistes". Cette même année est publié son premier recueil, "Alcools", sélection de poèmes rédigés depuis ses débuts.

Il est  affecté en décembre 1914 dans l'artillerie et continue d'écrire. Transféré dans l'infanterie en 1915, il est naturalisé en début d'année 1916. Il est blessé quelques jours plus tard par un éclat d'obus et est trépané à Paris. Après des mois de convalescence, il se remet à écrire et crée le terme de "surréalisme" dans une lettre à un poète. Il publie en 1918 son second grand recueil poétique, "Calligrammes", quelques mois avant de mourir de la grippe espagnole. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.