L’idole (8) : Les bras.
Ô la plus douce et la meilleure des caresses ! Autour du cou deux bras enlacés simplement. Premier mot du désir, premier rêve d'amant, Et premier abandon de toutes les maîtresses !
Puis vaincus et jetés parmi le flot des tresses Comme le fer tenace arraché de l'aimant ; A l'ombre des rideaux le long apaisement Des suprêmes langueurs et des molles paresses.
Et quand, l'âme et les sens rassasiés, l'esprit Clairvoyant vous regarde, il voit et vous décrit Relevés et pareils aux anses d'une amphore ;
Du poignet nu sans vain bracelet de métal, Et du coude où le blanc a des rougeurs d'aurore, A l'épaule au parfum plus doux que le santal.
Albert Mérat (1840 – 1909).
Albert Mérat est un poète parnassien. Dans son œuvre l'Idole, il revisite le blason littéraire en dédiant aux femmes un sonnet pour chaque partie du corps. Le plus croustillant arrive ; rien n'est écrit sur les fesses et le sexe féminins, thèmes éminemment poétiques toutefois. Verlaine et Rimbaud, s'arment contre la censure et écrivent « Le sonnet du trou du cul », faisant scandale ! Verlaine rend hommage à Mérat dont il s'était un peu moqué dans l'un de ses poèmes et Rimbaud le considère comme un « voyant » visionnaire presque, aussi talentueux que Verlaine.
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