L’idole(13) : L'oreille
Elles seraient la nacre au bord des coquillages Si les nacres avaient ces humaines blancheurs ; Elles seraient le rose et le satin des fleurs, Si les roses vivaient aux barreaux des treillages.
Il semble qu'une fée, en de lointains pillages, Ait pris leur éclat frais à toutes les fraîcheurs ; Leur coloris est fait de toutes les couleurs, Et la lumière y trace, exquise, des sillages.
C'est la volute et c'est la conque ; c'est la chair Devenue arabesque avec son ourlet clair Où préside une loi d'harmonie ancienne ;
Et vous avez, malgré la date du sculpteur, Des airs de curieuse et de Parisienne Qui fait des mots et qui provoque le conteur.
Albert Mérat (1840-1909)
Albert Mérat est un poète parnassien. Dans son œuvre l'Idole, il revisite le blason littéraire en dédiant aux femmes un sonnet pour chaque partie du corps. Le plus croustillant arrive ; rien n'est écrit sur les fesses et le sexe féminins, thèmes éminemment poétiques toutefois. Verlaine et Rimbaud, s'arment contre la censure et écrivent « Le sonnet du trou du cul », faisant scandale ! Verlaine rend hommage à Mérat dont il s'était un peu moqué dans l'un de ses poèmes et Rimbaud le considère comme un « voyant » visionnaire presque, aussi talentueux que Verlaine.
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